Durant la guerra que va provocar la
invasió francesa, un oficial a qui van assignar el comandament d'un
regiment que estava ja operatiu a la península, va viatjar per Espanya
en busca dels seus soldats. La dificultat en les comunicacions i el fet
que les tropes anaren canviant contínuament de posicions, va fer que
aquest coronel no donara amb ells. Prop de vuit mesos va tardar en
prendre el càrrec . El cas és que, des que va sortir de Bayona el 23
de juny de 1812 al 4 de febrer de 1813, va escribint un diari on va
escribint les peripècies del trajecte, parlant dels llocs per on passa i
de les seves impresions del país. Bona part del temps la passa per la
costa de Castelló. Aquest diari el trobem en una web francesa dedicada a
Napoleó.
"L'Empereur m'ayant nommé par
décret du 1er juin 1812 colonel du 5e régiment de dragons, je fus
informé de ma nomination le 23 du ou le 24 juillet; je partis moi-même
en poste avec mon valet de chambre Hauvette le 21 juillet à une heure du
matin. J'arrivai le 22 à Château-Renault, le 23 à Poitiers,
le 24 à Bordeaux où je séjournai le 25 et le 26. Je descendis à
Bayonne [...] Le 31 juillet je vais en bateau promener au
village du Boucaut per distant de l'Océan, sur la rive droite de l'Adour
[...] Le dimanche 2 août, par une chaleur excessive, pour aller
coucher à Saint-Jean de Luz [...] Le lendemain 3 je passe
le pont de Bidassoa (riu Bidasoa) et j'entre en Espagne.
Il faut déjà être sur ses gardes pour aller du pont à Yrun (Irún)
[...] on aperçoit à une demie-lieue de distance à peu près la
petite ville de Fontarrabie (Fuenterrabía) [...] On fait
halte au village de Ernany (Hernani) et on se remet en route our
Tolosa [...] Villaréal (Legutio) [...]
Montdragon (Mondragón/Arrasate) [...] Bergara
[...] Salinas (Salinas de Léniz/Leintz Gatzaga) [...]
Mon séjour se prolongeant à Vitoria (Vitoria-Gasteiz) [...]
Mon valet de chambre Hauvette qui était avec moi depuis six ans, que
j'avais toujours traité avec bonté, qui paraissait m'être fort attaché
déserte pour aller joindre les bandes insurgées, hereusement il ne
m'emporte qu'une montre et des choses de peu de valeur. C'est la
première fois que j'entends la musique espagnole, si toutes fois (sic)
on peut appeler musique, des psalmodies aussi insipides que ridicules.
Il est inconvenable que la barbarie d'un pareil chant reste enracinée
dans un pays où les airs de danse son les plus vifs et les plus animés.
Rien d'aimable en effet comme le fandango, le bollero (sic) et le
sorongo (zorongo). [...] Après avoir ait à Vitoria
(Vitoria-Gasteiz) un séjour de plus d'un mois et ne voyant aucun
espoir de rejoindre mon régiment par la route de Valladolid, je
consultais le géneral en chef sur le parti que j'avais à prendre et il
me conseilla de retourner à Bayonne pour rprendre la route de Saragosse
et de Valence [...] Emany (Hernani) Yrun (Irún)
[...] Saint-Jean de Luz [...] Bayonne
[...)
Je trouvai à cette époque à
Bayonne, le général Souham qui allait y prendre le commandement de
l'armée de Portugal, j'aurais bien désiré repartir avec lui, mais je
craignais de perdre un tems (sic) parce que l'on parlait de la
prochaine jonction des armées du Midi et d'Arragon (sic) à Valence,
et je me mis en route pour Pau où j'arrivai le 1er octobre.
[...] Je pars à
Pau le 5 octobre pour aller coucher à Oloron
[...]
le 6 je vais a Bedous [...] j'arrivai
le 7 a Urdos, dernier village français. Il est comme tous ceux
des montagnes fort resserré et surtout très pauvre. A deux lieues avant
d'y arriver, le chemin devient impraticable pour les voitures et même
souvent très mauvais pour les chevaux et les bêtes de somme. On nous
fait remarquer un rocher immense taillé à pic parla main des hommes, et
l'on nous dit que c'est par les Carthaginois, commandés par Annibal
lorsqu'il quitta les Espagnes pour marcher contre Rome [...]
L'entrée en Espagne par cette route est fort dangereuse dans le rapport
des chemnis [...] partons le 8 à la pointe du jour avex dix
soldats d'infanterie qui escortaient jusques à Jacca (Jaca) un
convoi d'habillement pour l'armée d'Arragon (Aragón) [...] arrivé
enfin au col que l'on apelle ici Port (Somport), les chemins
deviennent presqu'impracticables [...] Le chemin continue à
descendre jusques à Campfranc (Canfranc), premier gîte en Espagne
[...] on parle à Campfranc tout à fait la langue espagnole, on ne
peut plus se faire entendre avec le français [...] (le 10) Les
chemins pour venir à Jacca étant absolument impracticables pour les
voitures, tout ces grands seigneurs, toutes ces grandes dames avaient
été obligés de les abandoner. Je vis ce jour-là un des plus curieux
spectacles que l'on puisse s'imaginer. Des dames dans des litières
dorées portées par 20 paysans qui se releyaient de terms en terms (sic),
d'autres en amazones et montant de superbes chevaux, d'autres sur des
mules, clles-ci à califourchon sur des ânes, celles-là portées sur des
chaises ajustées en forme de litière, quelques-unes n'ayant pu se
procurer une monture marchand à pied dans la boue [...] Nous
allons le lendemain à Ancenigo (Anzánigo) [...] et le
lendemain nous partons en bon ordre pour Ayerbé (Ayerbe) [...] au
village de Gurrea (Gurrea de Gállego) [...] Nous marchons
dans un pays découvert et stérile, laissant à droite le fleuve
Gallego (riu Gállego) [...] arrivons à la nuit à Zuera
[...] Les environs de Saragosse (Zaragoza) si riants
autrefois ne sont plus aujourd'hui qu'un désert, les belles plantations
d'oliviers qui fesaient la richesse de ce pays ont toutes été coupées
pendant le siège [...] Une grande partie des femmes et des
enfants s'étaient réfugiés dans la superbe église de Notre-Dame del
Pilar à laquelle ils avaient grande dévotion [...] j'ai éprouvé
une bien grande satisfaction de pouvoir en partir le 17 octobre pour
aller à Pina (Pina de Ebro) [...] Le 18 nous rencontrons
encore quelques partis en allant à Bujarolos (Bujaraloz)
[...] Nous séjournons le 20 à Caspé (Caspe), cette ville bâtie
sur une colline de l'autre côté de l'Ebre [...] Le 21
octobre nous remettons en route pour aller à Abatea (Batea)
[...] de là on va coucher à Pinell (el Pinell de Brai) le 23
pour aller à Tortose (Tortosa) [...] en arrivant au bord
de l'Ebre pour entrer dans Tortose, nous sommes arrêtés là fort
longtems [...] nous nous mettons en marche à 9 heures du matin
par une chaleur excessive, et dévorés par des milieurs de cousins
(mosquits) que l'Ebre fait naître, nous traversons une plaine assez
fertile [...] arrivons à 4 heures à Ull de Cona
(Ulldecona) [...)
(Royaume de Valence) Le pays est
toujours égalment beau et égalment bien cultivé jusqu'à Benicarlos
(Benicarló) où on va
se coucher le lendemain en passant par la jolie petite ville de
Vinaroz qui fait un commerce de contrebande fort considérable; nous
y fesons (sic) une ample provision de rhum (rom) à 40 f (francs) la
bouteille pendant la halte, qu'y fait le convoi. Benicarlos est
fameux pour les vins qu'on y récolte; ce village grand et bien bâti,
était fort riche autrefois, mais il a été souvent ravagé par l'armée qui
ya séjourné; cependant nous y avons été fort bien sous tous les
rapports, nous avons visité mes camarades et moi, pendant le séjour que
nous y avons fait le lendemain, la forteresse de Peniscola placée
sur un rocher dans la mer; on aurait inutilment fait le siège de ce fort
tant qu'il aurait eu des vivres; il s'est rendu sans coup férir après la
capitulation de Valence.
Nous nous remettrons en route le
27 octobre pour aller coucher à Torreblanca où nous trouvons
encore un convoi de malades et de blessés rentrant en France; le village
offrant peu de ressources, nous y sommes fort mal, on nous dit qu'il n'y
a plus de brigands et que l'on peut voyager seul. En effet, nous n'avons
été nullement inquiétés. Le convoi se dirige le 28 sur Castellón de
la Plana; le colonel Mermet du 19e régiment de dragons tombe malade
en route; il revient heureusement nous rejoindre le soir avec les douze
hommes que nous avions laissé pour le garder. Le colonel Duchastel du
21e régiment de chasseurs perd pendant la nuit un très beau cheval
arabe, qui s'échape (sic) de l'écurie; il envoye (sic) courir après un
maréchal des logis de son régiment, un chasseur et un trompette; ils
n'étaient pas revenus quand nous quittons Torreblanca, le
lendemain mais vingt-quatre heures après notre arrivée à Valence, ils
ramènent ce cheval qu'ils avaient trouvé près du village d'Alcala
et arrivés à l'auberge où le colonel Mermet était resté malade et dont
il n'était parti que depuis un quart d'heure, ils trouvèrent un parti de
150 chevaux de la bande de Frayle, le maréchal des logis ne perdit pas
la tête, il ordonna au trompette de sonner des appels, comme s'il avait
eu une troupe nombreuse à réunir, il fit plusieur
commandemens (sic) comme si son prétendu escadron fut réuni dans un
ravin près de là. Les brigands qui marchaient à lui s'arrêtèrent; ils
étaient à 25 pas. Alors il cria: escadron en avant; au trot! marche! Les
brigands firent demi-tour, et le maréchal des logis et des deux hommes
en firent autant et firent bien, et se sauvèrent à toute course; les
brigands ne se voyant point poursuivis et appercevant (sic) trois hommes
seulement qui se sauvaient, s'apperçurent (sic) de la ruse mais il était
trop tard, nos trois hommes arrivèrent avant eux à Torreblanca
d'où on envoya un détachement après eux; is se retirèrent aussitôt dans
les montagnes.
Nous trouvons Castellón de la
Plana encombré d'un autre convoi qui part pour la France; celui-là
était tout composé de militaires venant de l'armée du Midi; les habitans
(sic) qui avaient vu passer tous les autres se figurent que nous allons
quitter tout à fait l'Espagne et sont par conséquent fort étonnés de
voir d'autres troupes françaises qui arrivent; depuis quelques jours un
détachement du 4e de hussards s'était joint à nous; de sorte que nous
avions environ 150 chevaux. Castillon (Castelló) que l'on apelle
(sic) un village et immense et le convoi est fort bien établi ainsi que
nous, il y a de superbes maisons, et malgré la grande quantité de monde
qu'il y avait à loger, personne se n'est plaint.
On part de bonne heure le 29
octobre, quelques-uns avaient pris l'avance sur l'assurance positive
qu'il n'y avait absolument rien à craindre des bandes; nous faisons
halte au village de Nulès (Nules) et vers midi
nous nous remettons en marche pour Murviedro (Sagunt); le convoi
pour la première fois marchait mal ordre; à un quart de lieue du village
d'Almenara, je vois deux chevau-légers de la Gare qui faisaient
partie du convoi et qui comme moi étaient en avant de l'avant-garde,
courir ventre à terre en se dirigeant vers une montagne à la droite de
la route, je pique des deux pour voir le motif d'une pareille course;
l'avant-garde me suit au galop, le convoi fait halte et se réunit, et
nous appercevons (sic) une douzaine de brigands à cheval, qui emmenaient
deux hommes, garrottés, ils les lâchent à notre approche et se sauvent à
toute course; ils avaient trop d'avance et nous ne pouvons les joindre.
Nous ramenons les deux soldats qu'ils avaient pris un moment auparavant
et qui étaient nus de la tête aux pieds, ils voyageaient isolément et
nous dirent qu'au détour de la montagne où ils avaient été arrêtés, les
brigands en avaient déjà pris plusierus, qu'ils les massacraient à
mesure et qu'on allait les poignarder au moment où la tête de la colonne
s'était présentée, on leur donne quelques hardes pour les couvrir et ils
marchent avec nous. A quelques pas de là nous trouvons les cadavres de
quatre de ces infortunés, un avait la tête coupée et les trois autres
les pieds et les mains, un seul respirait encore, nous l'emportons, mais
il meurt un instant après.
Enfin nous arrivons à
Murviedro (Sagunt); c'est l'ancienne Sagunte, il n'en reste rien que
des pierres éparses où l'on voit des caractères inconnus, mais on y voit
encore un superbe amphithéâtre bâti du tems (sic) des Romains, et qui
aujourd'hui serait encore tout entier, s'il n'avait été détruit dans ces
derniers temps par les Espagnols por bâtir la forteresse de Sagunte sur
l'emplacement de l'ancienne ville [...] La route de Murviedro
à Valence est tellement couverte de beaux villages [...]
il n'y gêle jamais et il y pleut fort rarement [...] Le
faubourg de Murviedro (barri de Sagunt, on és l'Avinguda de la
Constitució) par où l'on entre a beaucoup souffert, il est entierrement
(sic) dévasté. Le Guadalaviar (el riu Túria) que l'on traverse sur cinq
ponts superbes n'est autre chose quun misérable ruisseau (rierol), où on
peut à peine faire boire un cheval [...] à la vérité il y pleut
bien rarement et le ciel y est presque toujours serein. On peut citer à
ce sujet l'établissement des Serenos qui, la nuit en parcourant les rues
avec une lanterne et une pique annoncent les heures et les temps qu'il
fait, ils vont criant d'une voix glapissante: Ave Maria Purissima, son
las dace [sic; las doce], Sereno! Je vous salue Marie, il est
minuit, le tems (sic) est serein! et comme le temp (sic) est pour ainsi
dire toujours le même, le nom de Sereno leur est resté. [...]
Les spectacles à Valence quoique bien préférables à ceux de Vitoria et
de Saragosse me parurent toujours égalment insipides. [...] Je n'ai
rien dit jusqu'à présent de l'habillement des femmes espagnoles,
il est presque partout le même, c'est une robe en baskine de soie
noire avec une taille fort longue, dessinant parfaitement les formes
qu'elles exagèrent tant quelles peuvent; car plus elles sont prononcées
plues elles sont bien, et une mantille ou voile noir sur la tête; avec
ce costume, elles ont l'art d'être très séduisantes; [...] Il
y avait autrefois à Valence une superbe promenade appellée (sic)
l'Alameyda (el passeig de l'Alameda), mais on l'a entièrement
détruite pendant le siège, elle allait depuis la ville jusqu'au Grao
ou port distant de près d'une lieue. [...] Pendant le séjour
que j'ai fait à Valence, je suis allé plusieurs fois avec M. le maréchal
(duc d'Albufera) [Suchet] visiter son duché, c'est-à-dire le
fameux lac d'Albufera. Le rapport de la chasse et de la pêche est fort
peu de chose puisue cela ne papporte guerres (sic) que 20 ou 30 mille
francs; mais ce qui en fait la véritable richesse, c'est une lisière de
4 à 500 toises de terrain qui entoure presque partout le lac dont la
longueur est de tois lieues sur une lieue et demie de largeur, et où lon
recueille une quantité énorme de riz et de saffran (sic).
Je pars avec lui (le maréchal)
pour San Felipe ou Jaliva (Xàtiva) [...] L'ennemi
s'avance vers Almanza (Almansa) [...] Le général ennemi
détache un corps nombreux sur le flanc droit du maréchal pour déboucher
par Requena et tomber sur Valence [...] San Phelipe fait
un commerce considérable d'huile, de soie et d'oranges, je vais faire
une course avec M. le maréchal à Moxente (Moixent) [...]
nous passons devant le château de Monteza (Montesa) [...]
la ville de Cullera offrait peu de ressources parce que le
terrain qui l'environne est très sablonneux à cause des débordemens
(sic) fréquents du Xucar (riu Xúquer) et du voisinage de la mer
[...] Je demande au maréchal et j'obtiens pour ces dépôts la
garnison de Lyria (Llíria) [...] Je pars le premier jour
de l'An pour Valence par un tems (sic) affreux. J'ai pensé me noyer 20
fois dans les torrents qui innondaient (sic) les champs de toutes parts,
les routes avaient totalement disparu, j'arrive cependant grâce à la
vigueur de mes chevaux et aux relais que j'avais établis à Alleyra
(Lliria) et à Almuzafes (Almussafes) [...] c'était
pourtant une contrariété pour moi de retourner par Saragosse, où
il était possible que ce convoi (de Madrid) s'arrêta fort longtemps
(sic), à cause du rassemblement général de sinsurgés qui, instruits de
ce départ, le guettaient au passage dans les défilés qui se trouvent du
côté de Calatayud. [...] (Le 17 de janvier 1813) je
prends le commandement de toutes la cavalerie de l'armée du Midi dune
troupe espagnole appelée Los Escopeteros; ces cerniers sont de vrais
chenapans ou autrement des contre-brigands. [...)
On arrive sans accident à
Castillon de la Plana (Castelló). Le convoi avait une grande
demi-lieue de longueur; c'est le général Lallemand qui le commandait. Le
convoi poursuit sa route jusqu'à Benicarlos (Benicarló) où il
arrive le 20 janvier; j'avais poussé ce jour-là avec ma cavalerie
jusqu'à Vinaraz (Vinaròs). C'est là qu'on me prévient qu'il y a
de nouveau contre-ordre et que le convoi retourne à Valence; il faisait
un tems (sic) admirable et chacun prit son parti gaîment, moi surtout,
car malgré le chemin que nous venions de faire inutilement il y avait
plus d'apparence pour moi de rejoindre promptement en passant par la
route directe, qu'en prenant celle de Saragosse, qui d'ailleurs outre
les dangers provenant de la présence de l'ennemi était
presqu'impraticable pour les voitures. Je rentre donc à Vinaros
d'où j'étais déjà sorti, j'y séjourne, le convoi rentre aussi à
Benicarlos, les marquis Saint-Adrien, grand-maître des cérémonies et
Aravacca, majordome du Roi et leur familie viennent me demander
l'hospitalité parce qu'ils étaient horriblement pressés à Benicarlos.
Nous nous amusons beaucoup, chacun met la main à l'ouvrage, nous
finissons par déjeuner fort bien et dîner mieux encore.
On ne part enfin pour Valence,
mais après deux jours de marche et à deux lieues du village de
Castillon, on reçoit encore un contre-ordre que nous alarma tous,
parce qu'on croyait être obligué de retourner encore par Saragosse. Nous
avions dépassé dejà le village de Villaréal (Vila-real) et le
convoi s'acheminait vers Valence, losque ce contre-ordre arriva. Il
était motivé sur la présence d'une escadrille anglaise qui menaçait d'un
débarquement et celle d'une bande commandée par Frayle, qui avait paru
la veille à Nulès (Nules) avec 5 ou 600 chevaux. Qu'on se figure
un convoi aussi nombreux devant faire une contre-marche, par un tems
(sic) très mauvais, sur une route qui, quoique belle est cependant trop
étroite pour l'opérer avec deux voitures de front, toutes ces dames qui
étaient enchaintées de retourner à Valence se voyant obligées de
rétrograder de nouveau; l'ennemi de tous côtés, les homes à cheval
cherchant tous à gagner la tête du convoi pour éviter le danger, les
femmes pleurant et criant de craintre d'être prises, une terreur panique
s'emparant de tous ces gens-là, chacun enfin cherchant à suir, on ne
pourra pas encore se faire une idée du désordre qui eut lieu pensant un
moment; heureusement en partant de Castillon, je faisais
l'arrière-garde avec 200 chevaux; je me trouvais pas conséquent en tête
du convoi lors de la retraite et à l'aide de quelques coups de sabre aux
plus peureux et en barrant entièrement la route, je parvins à arrêter
tout ce qui voulait marcher plus vite que moi. Je me mis en position de
l'autre côté du village de Villaréal et après avoir vu défiler
tout le convoi où il n'y avait plus besoin de vagmestre pour faire
serrer les voitures, je reçus ordre d'aller m'établir à Buriana
(Borriana) sur le bord de la mer pour m'opposer autant que possible à
toute tentative de débarquement. Je traversai pour m'y rendre une
troisième fois ce même village de Villaréal, au grand étonnement
des habitans (sic) qui ne savaient que penser de cette fluctiation et
j'arrivai à 9 heures du soir à Buriana par une pluie
épouvantable. Après avoir établi tous les postes, je me retirai chez moi
avec tous les officiers; il n'y eut rien de nouveau jusqu'au lendemain à
4 heures après midi que je reçus l'ordre de me rendre à Marviedro
(Sagunt). Je partis 10 minutes après; j'avais 9 lieues d'Espagne qui en
sont au moins 13 de France et de chemins de traverse et un tems (sic) et
qu'il fallait bivouaquer ou se loger militairement. Je préférai le
dernier parti attendu que nous nous trouvions sous la protection de la
forteresse de Sagunte. Je partis seul le lendemain pour
Valence, j'allais chez le gouverneur pour me faire doner le même
logement que j'avais eu auparavant et qui m'avait été conservé par ordre
du maréchal; en arrivant sur la place Sant Augustino où il loge
[...)
Le maréchal se décide à faire
passer le convoi par Requeña (Requena) et la Manche (La
Mancha) [...] en passant les montagnes de las Cabrillas et de
Contreras [...] (le 2 février) arriva à la nuit a Bunol
(Buñol) où toutes les voitures parquèrent sur une hauteur à l'entrée du
défilé de Cabrillas [...] Le 4 février nous arrivons de bonne
heure à Utiel où je trouve mon régiment en entier qui attendait sous les
armes mon arrivée; je suis reçu colonel par le général Sparre mon
prédécesseur au 5e de dragons. [...)
Et arrive à la nuit à
Villalgordo (Villargordo del Cabriel) [...] Le 5 le convoi
couche à Minglanilla et traverse non sans peine pour y arriver
les montagnes de Las Contreras [...] au pont de la Venta de
Contreras [...] Le 6 le régiment couche à Ledaña et je
reste à Yniesta (Iniesta) [...] jusqu'à Villanueva de
la Jarra (Villanueva de la Jara) [...] le 9 à Gambaldon
(Gabaldón) [...] Le 10 à Buenache de Alarion (Buenache de
Alarcón) [...] Le 11 en passant par Valverde, nous allons
à La Parra (La Parra de las Vegas) [...] Le 12 à Cuenca
[...] le 27 nous passons par Honrrubia (Honrubia) pour
aller coucher à San Clemente, bourg très considérable de la
Manche [...] le 28 le régiment couche à San Pedroñeras
(Las Pedroñeras) [...] Le 1er mars, nous arrivons au Toboso
(el Toboso) -patrie de l'héroïne de la Manche. C'est un beau et bon
village, il paraît que depuis le tems (sic) où l'aimable auteur de Don
Quichotte a écrit sa joyeuse histoire, les femmes de Toboso, n'ont pas
embelli, celles que nous avons vues auraient pu passer pour autant de
Dulcinées- [...] le lendemain 2 nous rencontrons en passant à
Quintanar (Quintanar de la Orden) [...] Nous couchons à El
Coral del Almaguer (Corral de Almaguer) [...] Le 3 après
avoir fait halte au village de Villatolas (Villatobas), nous
arrivons à Ocaña [...] sur le bord des ravins qui
avoisinent le Tage (riu Tajo) [...] je vais ce même jour
au village de Santa Cruz (Santa Cruz de la Zarza) [...] à
Tarancon en passant par la Zarza (Zarza de Tajo) [...]
Je vais le lendemain coucher à Torrubia (Torrubia del Campo) qui
est un fort bon village en passant par Fuente Pedroneras (Fuente
Naharro) y Acebron (El Acebrón) [...] Je me remets en
marche le 22 pour aller coucher à Vittatobas (Villatobas).
[...] Je rentre le 24 mars à Ocaña. [...] La división
part d'Ocaña et fait halte à Aranjuès (Aranjuez) [...]
Nous séjournons le 31 à Colmenar de Dreja (Colmenar de Oreja) et
nous nous établissons le 1er avril à une lieue en arrière du village de
Chinchon [...] Nous arrivons à 3 heures à Madrid.
Nous nous formons en bataille sur le Prado (El Pardo). [...]
Le 6 avril à Colmenarejo [...] nous étions fort près de
l'Escurial (El Escorial) [...] l'endemain nous passons les
montagnes de Guadarrama [...] et nous arrivons à la nuit à
Villacastine (Villacastín) [...] Le 8 avril nous allons à
Arrevalo (Arévalo) [...] pour les laines de la province de
Ségovie (Segovia) [...] Le 9 nous rendons à Medina del
Campo [...] Le 10 nous nous mettons en marche à 4
heures du matin pour venir à Toro [...] au bord du
Duero (río Duero) [...] Le 25 mai au soir, on est instruit
que les armées espagnoles et anglaises se sont portées en force sur
Salamanque (Salamanca) qui a été évacuée par nos troupes; je reçoit
l'ordre de me tenir prêt à marcher avec mon régiment pour aller à leur
rencontre à une marche de Toro et je pars le 26 mai à 4 heures du matin
pour aller les combattre. La suitte (sic) à l'ordinaire prochain.
Toro 26 mai à 2 heures du matin,
an 1813."